Bien débuter le quinquennat : garder les 10M€ pour un plan d’éradication de la précarité !

Pour débuter le quinquennat 2022-2027, nous  demandons six mesures simples, concrètes, rapides, au nouvel exécutif et à nos représentants à l’Assemblée nationale : un programme d’urgence pour les journalistes ! Mesure 2 : Sanctuariser les 10M€ non consommés de l’aide sociale aux pigistes pour un plan d’éradication de la précarité sur 5 ans

La crise sanitaire a été un révélateur de la situation des pigistes et autres précaires de la presse : ils ont été les premiers impactés. L’Etat a été au rendez-vous, par deux mesures capitales : un décret portant sur l’attribution aux pigistes du chômage partiel, et une aide sociale de 14,5M€ par an, sur deux ans, pour compenser les baisses malgré tout constatées.

Pourtant, les deux mesures sont largement des flops : de nombreux employeurs n’ont pas mis leurs pigistes en chômage partiel, alors même que cela ne leur coutait rien. Et moins de 4M€ de l’aide sociale ont été attribués pour compenser les baisses de 2020 : aide arrivant tard (ils ont dû trouver des solutions entre temps), et dont l’information n’est sans doute pas parvenue à beaucoup de concernés, malgré les efforts des organisations syndicales et de Profession pigiste.

Conserver l’argent non utilisé

Nous allons sortir de la crise sanitaire avec plus de 10M€ non utilisés sur l’enveloppe de 14,5M… mais une précarité non traitée ! L’aide sociale a été un coup de pouce apprécié pour ses centaines de bénéficiaires, mais le saupoudrage a ses limites. Il faut s’attaquer aux causes !

L’argent a pu être débloqué. Il faut le conserver. Nous demandons donc que ces 10M€ soient sanctuarisés pour financer un plan de résorption, durable, de la précarité, par le respect du droit et soient :

• dédiés à l’éradication des pratiques illégales pour les journalistes (rémunérations en autoentrepreneurs, droits d’auteur, CDDU, CLP) et des pratiques abusives (CDD à répétition, notamment en PQR, au planning de Radio France, en télévision, recours à la sous-traitance via des sociétés de production…) et l’application de leurs droits de salariés (application de toutes les dimensions de la convention collective des journalistes, traitement digne des fins de collaboration…).

• utilisés pour actionner une cellule interministérielle de lutte contre la précarité dans les médias (2 ou 3 chargés de mission rémunéré pendant 5 ans, la durée du quinquennat, et les frais liés), dont l’action serait la suivante

  • –  ESSENTIELLEMENT : Coordonner et faire appliquer un plan de rappel de la loi à tous les employeurs ne l’appliquant pas
  • –  MAIS AUSSI : Croiser les données des ministères de la Culture, du travail et de la santé, pour établir un chiffrage précis et détaillé des journalistes précaires, et créer un outil public centralisant les informations juridiques pour les pigistes (code du travail, aide sociale, Audiens, Afdas, Pole emploi, arrêts maladie…), qui devienne pour eux une référence, et lutte contre le taux de non- recours aux aides qui leur sont destinées.Ce plan ne coûtera rien car l’argent a déjà été fléché en 2020, il suffit de le conserver !

Bilan de l’aide sociale

Fin 2020 on nous annonçait 40M€ de baisses de piges entre 2019 et 2020, concernant 5000 pigistes. Les 14,5M€ d’aide étaient sensés ne pas suffire à compenser les pertes si bien que des critères restrictifs ont été décidés. Mais lors de la 1ere vague de candidatures seuls 1107 dossiers ont été déposés sur la plateforme et parmi eux 594 remplissaient les critères. Ils ont reçu fin 2021 4003€ en moyenne. Mais ces 2,63 M€ versés étaient loin de consommer toute l’enveloppe disponible (14,5M€) !

Alors nous avons demandé et obtenu une séance de rattrapage (aide 1 bis) avec des critères plus souples (il n’était plus attendu que les revenus du foyer aient baissé eux aussi et l’indemnisation des arrêts de travail ou le chômage ne comptent plus comme des revenus, ce qui avait éliminé trop de personnes lors de la 1ere vague). 341 personnes ont été éligibles à cette aide 1 bis, pour une aide moyenne de 3212€ par pigiste et une aide totale à verser (avant déduction de la CSG CRDS) de 1,18M€.

Vous l’aurez compris, seuls 3,8M€ ont été versés sur 14,5M€, c’est pourquoi nous demandons que le solde soit fléché vers des mesures durables de lutte contre la précarité !

Lire tous nos articles sur less aides aux pigistes durant la crise sanitaire

Ce n’est pas fini ! Un nouvel appel à candidature pour l’aide sociale covid portant sur les baisses de piges entre 2019 et 2021 sera ouvert le 15 mai 2022 !

 

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