Notre grande enquête sur les pigistes à l’étranger

En 2019 le Pôle pigistes de la CFDT-Journalistes a réalisé la 1ere grande enquête sur les pigistes à l’étranger, correspondants pour des médias français. 

Réalisée à partir d’un échantillon non représentatif de 135 personnes correspondant à ces critères, ayant accepté de répondre à un questionnaire en ligne entre le 18 février et le 1er avril 2019. Nous les avons atteints par le biais des réseaux de correspondants des médias où nous avons des élus et par les réseaux de correspondants à l’étranger comme Spartacus. Nous en avons réalisé un document d’analyse de plus de 50 pages.

Avec cet outil, nous voulons contribuer à améliorer la connaissance de cette population qui, du fait de son éloignement, souffre d’un important déficit de considération.

Notre enquête porte sur le statut et la protection sociale, mais aussi le niveau de rémunération, la fiscalité, le profil des répondants, leurs motivations et relations avec leurs employeurs.

Lire l’enquête en intégralité

Sommaire de l’enquête :

  • QUI SONT LES PIGISTES À L’ÉTRANGER ? 9
  • LE CHOIX DE L’ÉTRANGER 12
  • STATUT / MODE DE RÉMUNÉRATION POUR LES MÉDIAS FRANÇAIS 14
  • STATUT / MODE DE RÉMUNÉRATION POUR LES MÉDIAS NON FRANÇAIS 17
  • LA PROTECTION SOCIALE, PROBLÈME NUMÉRO 1 18
  • LA SANTÉ 18
  • LE CHÔMAGE 26
  • LA RETRAITE 27
  • REVENUS ET NIVEAU DE VIE 28
  • RELATIONS AVEC LES EMPLOYEURS
  • FISCALITÉ 41
  • LA CARTE DE PRESSE 44
  • VIVRE ET TRAVAILLER DANS UN PAYS NON SÛR 46
  • À QUOI ASPIRENT LES PIGISTES À L’ÉTRANGER ? 48
  • PIGISTE À L’ÉTRANGER ? OUI, MAIS… 51
  • LES CONSEILS DE NOS RÉPONDANTS

Synthèse de l’enquête

Des femmes. Les trois quarts des répondants, correspondants pour des médias français à l‘étranger, sont des femmes. C’est encore davantage dans les pays « non-sûrs ».

Ce ne sont pas des « petits jeunes ». Ils partent avant tout pour exercer le journalisme qu’ils aiment. Un tiers seulement ont moins de 30 ans. Deux tiers sont partis il y a plus de trois ans, et 88 % sont stabilisés dans un pays, y fondant souvent une famille.

Ce choix n’est pas rémunérateur. Les deux tiers gagnent au mieux le Smic, tous revenus confondus. Seuls 20 % gagnent suffisamment pour s’ouvrir des droits en cas de maladie ou de maternité (minimum 20 000 € brut/an). Ils ne sont pas plus de 65 % à pouvoir obtenir la carte de presse française alors que la quasi-totalité la voudrait, ne serait-ce que pour être en mesure de s’accréditer et faire leur travail.

Leur statut : une angoisse. 56 % des répondants ont le statut de salarié auprès de l’ensemble de leurs employeurs, mais un tiers panache les statuts (droits d’auteurs, auto-entrepreneur…). Presque tous expriment une grande incertitude quant à leur avenir et ont le sentiment de ne pas maîtriser les contours de leur statut. 27 % ne savent pas s’ils cotisent pour leur retraite. 48 % ne savent pas s’ils sont dans les clous avec la fiscalité. Il ressort de tous ces témoignages une grande angoisse. Etant presque tous Français, ces pigistes tiennent, dans leur grande majorité, être rattachés à la Sécurité sociale française.

Quasiment impossible de s’arrêter. Seuls 4 (sur 135) ont déjà bénéficié d’un arrêt de travail indemnisé pour maladie ou accident. Sur 23 femmes ayant eu un enfant à l’étranger, seules 7 d’entre elles ont pu obtenir un congé maternité. Leur suivi santé relève du bricolage. Les deux tiers n’ont jamais passé de visite médicale. 62 % comptent sur leurs retours en France pour leur suivi médical non urgent. Seuls 55 % dispose d’une mutuelle.

En première ligne dans les pays non sûrs. 43 % vivent dans un pays en guerre, violent, sans liberté d’expression, ou en proie aux catastrophes naturelles. Parmi ceux-ci, 68 % assurent une couverture exclusive du pays pour leur employeur principal. Autrement dit, dans une grande partie des pays où la vie n’est pas confortable, les médias comptent sur les pigistes.

Un violent manque de considération. Malgré ces sacrifices (mal payés, mal couverts), ils souffrent du manque de considération : un sur deux se sent mal considéré. 44 % ne sont pas prévenus quand un journaliste du siège se déplace dans leur pays. Un quart seulement parvient à obtenir le remboursement intégral de ses frais de reportage (essence, train…).