Pourquoi un site dédié aux pigistes ?

Ce site ne devrait pas exister.

Les entreprises de presse devraient appliquer le Code du travail et la Convention collective des journalistes. Les journalistes ne devraient être payés qu’en salaires, pas en droits d’auteur ou en factures. Ils laisseraient volontiers les Agessa et le statut d’intermittent du spectacle aux artistes, et ils riraient au nez de tous ceux qui les considéreraient comme des correspondants locaux de presse. Les barèmes et tarifs pratiqués seraient justes et enfin négociés, assortis des congés payés, de l’ancienneté et du 13ème mois payés en bonne et due forme.

Ils obtiendraient sans difficulté leur carte de presse dès lors qu’ils sont journalistes professionnels selon les termes de la loi. Ils sauraient bien que la pige est un contrat de travail équivalent à un CDI et qu’ils ne peuvent pas se faire remercier comme des kleenex.

Les écoles de journalisme les auraient préalablement informés sur la réalité de la pige, leurs droits, leur statut, comment se lancer et durer. En en sortant, ils sauraient bien qu’après cette formation initiale, ils pourraient toute leur vie apprendre sur ce métier si varié. Les pigistes se livreraient à une saine concurrence et partageraient quelques règles d’or communes. Les rédacteurs en chef aussi, d’ailleurs. Ils traiteraient leurs pigistes comme n’importe quel salarié, mais en s’adaptant à la spécificité de leur relation. Les questions de déontologie se poseraient sereinement, sans qu’on ait à jouer sa place à chaque instant.

Les pigistes bénéficieraient d’une bonne couverture sociale et les administrations seront rompues à leurs cas particuliers. Ils n’auraient pas de difficulté à s’arrêter pour cause de maladie, maternité, voire élever leurs enfants. La retraite ne leur ferait pas peur, car ils l’auraient anticipée en faisant au bon moment les bons choix concernant l’abattement de 30%. Evidemment, ni leur fiche de paye ni les droits de reproduction de leur travail ni leur déduction d’impôts n’auraient de secrets pour eux. Leurs employeurs auraient créé des comptes épargne entreprise, en plus de la participation et de l’intéressement aux bénéfices.

Les pigistes n’auraient qu’à se soucier de travailler en bonne compagnie, de trouver de bonnes idées de sujets, de s’investir chez leurs principaux employeurs, et de réfléchir à leur profession. Ils n’hésiteraient pas à s’engager syndicalement dans leur entreprise, en se présentant aux élections professionnelles, ou au national, dans un syndicat non catégoriel comme le nôtre, et s’intéresseraient avec ferveur aux débats de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels.

Les photoreporters n’auraient jamais à déplorer de vols de photos et ils n’auraient pas à multiplier les statuts pour s’assurer un salaire décent. Les pigistes à l’étranger ne craindraient pas de tomber malades ou de faire leur déclaration d’impôts, car leurs DRH seraient au clair avec la législation internationale. Sur les zones de conflit, ils se sentiraient protégés par leur employeur.

Comme ce jour n’est pas encore tout à fait arrivé, nous vous proposons de tenter de nous en rapprocher, pas à pas, avec cet outil : l’union syndicale nationale CFDT-Journalistes.